LA "VOIX DE BOSSEVAL"®

    
LE "PARLÉ ARDEÛNÉ" DE LANGUE CHAMPENOISE

QU'Y CHERCHEZ-VOUS ?
GENERALITES SUR LE PARLER ARDENNAIS
GENERALITES
PRONONCIATION
ALPHABET
DICTONS-DIMINUTIFS
REPAS
SOBRIQUETS
RAMOUNIS
RAMONIERS

" Je suis ...... donc je parle ...
... ardennais."

Une "0RTHO -- GRAPHIE" pour se comprendre et mieux rendre les finesses orales

DES HISTOIRES POUR ILLUSTRER LE PROPOS
3 NOELS ARDENNAIS
J'ALLO MARIEYE
LA GAMINE

LES GRILLADES
ED'LA MEME VICTORINE

MYSTERE A NOEL




© Voix de Bosséval



GENERALITES
Le  "parler ardennais" (certains disent encore "patois"), comme son nom l'indique est une langue ORALE. Il fait partie de la Langue Champenoise qui couvre "l'actuelle région Champagne-Ardenne (hormis la pointe de Givet, de langue wallonne) ainsi que la Brie champenoise (Meaux-Provins) et la Champagne icaunaise (Sens, St-Florentin, Tonnerre)."
"
En Belgique un décret d'octobre 1990 reconnait, parmi les langues régionales endogènes, le champenois parlé dans cinq communes frontalières : le champenois accède ainsi au statut légal qui lui fai(sai)t défaut en France." Il s'agit des villages de Vresse, Sugny, Pussemange, Alle et Corbion. (NDLR)
Le N° 25 de la revue "Lou Champaignat" annonce que, depuis 2002, "le champenois fait désormais partie de la liste des langues de France reconnues par le Ministère de la Culture et de la Communication".
Les langues de France : basque, breton, catalan, corse, alsacien, francique mosellan, flamand occidental, francoprovençal, langue d'oil (franc-comtois, wallon, champenois, picard, normand, gallo, poitevin-saintongeais, lorrain, bourguignon-morvandais), occitan ou langues d'oc (gascon, languedocien, provençal, auvergnat, limousin, alpin-dauphinois)
Lou Champaignat          


POURQUOI CE MICRO DICO ?
René est né en Poitou (langue d'oil). Enfant, il "patoisait" très bien avec sa famille et ses voisins. Or le Poitevin et le Champenois sont deux langues proches. Il continue de bien comprendre le poitevin (il se régale de livres écrits dans cette langue et des expressions encore utilisées oralement).

En 1969-1970, alors qu'il venait d'arriver dans une commune industrielle (Vivier-Au-Court) pour y apprendre le "bon" français à des élèves de CE1, un enfant, au moment de la récréation, lui a demandé : "Mêêt', j'va qu'ri d'l'iau da l'siau ?" * et il n'a pas compris tout de suite ! Il a fallu faire répéter ! "En français" ! Lamentable !
*
"Maître, je vais chercher de l'eau dans le seau ?" "C'pauv' gamin n'ai mi bin parlèye au mêt' d'icole ! On n'parlo mi coum'na à l'icole ! Fallo parlèye pointu coum' el' mêt'. "
Il a ensuite pu apprendre à "parler ardennais" avec des personnes qui le pratiquaient encore volontiers. Comme pour le poitevin, il a besoin d'un petit "lexique d'ardennais" pour mieux goûter les finesses et la coloration délicate de cette langue. Cela l'a mené à rechercher ces mots et tournures du langage usuel qui fleurissaient dans nos villages et qui font encore briller les yeux de nos anciens quand les "Ramounis" se produisent dans des repas de "3èmè âge", dans des maisons de retraite ou ceux des "nostalgiques de l'ancien temps" et des "campagnards urbanisés" rencontrés dans les fêtes traditionnelles.
Peut-être en arriverez-vous à goûter aussi cette belle langue. "C'éto yauque de moult bin important."

(C'est quelquechose de vraiment très important.)
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PRONONCIATION
Les notes en italiques sont d'Emile GOFFART qui fut instituteur à Bosséval à la fin du 19ème siècle. Il faisait partie des "Hussards Noirs de la République" de Jules Ferry, ces instituteurs chargés de faire du français LA langue de communication. Il a dû bien faire son travail. Pourtant, à cette époque, on n'a pas vu que l'on condamnait les parlers locaux à la disparition. On n'avait pas envisagé qu'on pourrait être, comme les québécois, bilingues, mais en français et en parler ardennais de langue champenoise.

Le genre des noms :
Point de distinction de genre, tous les déterminatifs ont la désinence féminine "ma bas pour mon bas".
Il a fait ici un presque juste constat puisque cette pratique est quasi générale.

Conjugaison des verbes
Bizarreries dans la conjugaison des verbes " il avo pour il avait ; il éto là pour il était là"
Goffart fait des erreurs. Il n'était pas impartial. Il confond les temps.
L'auxiliaire avoir n'est point employé "il é fini son devoir pour il a fini son devoir"
Voilà encore une erreur de Goffart !

Voici quelques éléments de conjugaison :
Auxiliaire avoir :
Présent : j'avo, t'avo, il ait, nous z'ont, vous z'aient, y z'ont
Imparfait : j'avins, t'avins, il avint
Futur : j'auro, t'auro, il auro, ...
Auxiliaire être :
Présent : j'éto, t'éto, il éto, nous sont, vous z'étont, y z'étont
Imparfait : j'étins, t'étins, il étint ... y z'étint
Futur : Je s'ro, tu s'ros, il s'ro, nous s'rons, vous s'rons, y s'ront

Prononciation
Les articulations sont peu accentuées et les consonnes finales élidées plus souvent "mouchoi pour mouchoir" "vinr pour venir"
Le constat est juste pour les consonnes finales élidées.

Certaines lettres ou sonorités sont appuyées. le "é" final est souvent proche du "èye" : café se dit "cafèye", travailler "travaillèye", aller "allèye".
Même sonorité avec le son "eu"  "chu z'eux"   se prononce "chu z'euye", "clouteux" donne "clouteuye" mais on dit "viu" pour "vieux"

le "ai" ou "é" à l'intérieur d'un mot sera plutôt fermé en "ê"  m"êt' " pour maître

le "a" se prononce "â", pas loin du "o"  canard = " cânârd "

le "ui" se prononce "oui"   huit = "houit' "   Les Ardennes, c'est le " zéro-houit'  "  un "pouit" pour un puit

le "ingt" se prononce "inte"   vingt = "vint' " Combin en é-tu ? Vingt' "

L'adjonction de l'i est fréquente devant une voyelle "ieau pour eau" "ichelle pour échelle".
école devient "icole" qui signifie école ou classe donc le "mêêt' d'icol'  " pour l'instituteur.

"ai" ou "ais" en fin de mot se prononce "é" du lait = " du lé"    ardennais = "ardeûné"    mais = ""
L'Ardennais de souche est "ardeûné", l'Ardennais d'adoption ou de passage est "ardènais".

Ces accentuations restent très marquées pour beaucoup d'ardennais, même s'ils ne comprennent plus  le "patois" de leurs ancêtres et s'ils croient parler un "français pur".

Note de l'auteur : Le Parler Ardennais n'est pas ma culture d'origine (je rappelle que je suis Poitevin) mais j'ai tellement souffert, quand je suis arrivé dans les Ardennes d'être moqué pour mon accent et mon "patois" par des " Ardeûnés" que j'ai voulu apprendre -même imparfaitement- les finesses de ce parler dans lequel je baigne depuis 50 ans et qui chante agréablement à mon oreille.

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Une "ORTHO--GRAPHIE" pour se comprendre et rendre les finesses orales

Le Parler Ardennais, comme son nom le désigne, est uniquement oral. Pour le retranscrire sur ce site, il a fallu passer à l'écrit. J'ai donc écrit comme je le sentais. Pour aller plus loin, peut-être eût-il fallu que je l'écrive en phonétique. La lisibilité pour Monsieur ou Madame Tout-le-monde y aurait perdu.

Pour titrer ce paragraphe et réaliser l'article, j'ai pioché dans la revue (bulletin n° 10) de "Lou Champaignat". Je tenterai, dans le futur de m'y conformer le plus précisément possible.
De "ortho" = droit et "graphos" = écriture. C'est la manière de bien écrire la langue. Le champenois et le parler ardennais sont une langue orale. Pour l'écrire, nous prendrons exemple sur l'écriture du français.
Pour les conjugaisons des auxiliaires, en particulier, nous écrirons "il ai té" pour "il a été" (auxiliaire avoir).
Les lettres élidées seront marquées de l'apostrophe ( ' ).
Les accents utilisés seront les plus proches de la prononciation française. En "parlèye ardeûné", on dit le "cafèye au lét".
Les lettres muettes en français le sont aussi en champenois et en parler ardennais. " A l'auberge, il ait bu un d'mi. "

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POUR CHERCHER UN MOT, CLIQUEZ SUR SA LETTRE INITIALE


A  B  C  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M

N  O  P  Q  R  S  T  U  V  W  X  Y  Z

Les lettres en noir ne sont pas activées car elles ne contiennent actuellement aucun mot.

Le sens des mots a été vérifié dans l'ouvrage :

"Dictionnaire du français régional des Ardennes"
Michel Tamine
Editions Bonneton 1999
17 avenue Théophile Gautier   75016 Paris
ISBN 2-86253-135-9

Je ne peux que vous en conseiller la lecture si vous êtes gourmet de parler ardennais.

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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
accouplètes
omoplates
Il éto tell'ment maig' qu'on y voyo les accouplètes.
Il est tellement maigre qu'on lui voit les omoplates.

acramélage
situation embrouillée
Leu' affair' éto un bel acramélage.
Leur affaire est très embrouillée.
acraméler - décréméler -
afflachi
plaqué au sol pour des céréales
Le vent ait afflachi les blés.
Le vent a couché les blés au sol

affligé
(innocent, handicapé) C'pauv' Pierrot éto un affligé.
Ce pauvre Pierrot est innocent, handicapé.
arrangé
agace pie
En haut d'l'arb', l'agace ait fait son nid.
En haut de l'arbre, la pie a  construit son nid
ajasse
âge (la belle âge)
âge (la jeunesse)
15 ans, c'éto la belle âge
15 ans, c'est la jeunesse

aguinché (aguinchi)
accoutré, habillé sans goût
La Nénette éto bin aguinchèye !
Nénette est vraiment habillée sans goût
Nénette : diminutif de Jeannette
aidant
aide, assistant
Pou' fauchèye el'foin, j'voulo un bon aidant.
Pour faucher le foin,  j'ai besoin d'un bon aide

air
air

vent
A Bossévaux, y'ait d'la bonne air.
A Bosséval, l'air est sain.
Anui, y'ait co eu trobin d'air.
Aujourd'hui, il y a eu beaucoup de vent.

amitieux
amical - en recherche d'amitié
C'gamin éto bin amitieux.
Ce gamin est vraiment amical

MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
anui
aujourd'hui
maintenant
Anui, y n' causons mi coume na.
Maintenant, ils ne parlent plus comme ça.
Anui, j'alo scier mon bô.
Aujourd'hui, je scierai mon bois.
asteur
après dîner
après-midi
J'iro l' woir après dîner.
J'irai le voir cet après-midi.

aragne
araignée
Aragne du soir, espoir.
Araignée du soir, espoir.

arland
bon à rien
C'éto un véritab' arland.
C'est un vrai bon à rien.

arnicot
hanneton
Les gamins fesont volèye les z'arnicots aveu un fil à la patte.
Les garçons font voler les hannetons avec un fil à la patte.

arpète
espiègle
El'gamin d'la Mélie éto un vrai arpète.
Le garçon de Mélie est espiègle, joueur.

arquer
marcher avancer
D'puis qu'il éto malade, y n'pouvo mi arquèye !
Depuis qu'il est malade, il ne peut plus rien faire.

arrangé
voir affligé
dans un triste état
A la noce, el'Pierre éto bin arrangé
A la noce, Pierre était dans un triste état (saoul)

aspouiller
secouer houspiller
tirailler
Faut-y  t'aspouillèyer pou' faire yauque ?
Dois-je te secouer pour que tu fasses quelquechose ?

asteur
aujourd'hui
maintenant
Asteur, les viux n'vivont mi t'chu leu' z'enfants.
Maintenant, les anciens n'habitent plus avec leurs enfants.
anui
MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
astiqué
ivre
En rev'nant d'la boutique aveu sa s'maine, el'Jules éto co bien astiquèye : il ait fait toutes les auberges.
En revenant de l'usine avec son acompte, Jules était encore ivre : il est passé par tous les cafés.

attache
épingle
Il ait perdu sa bouton, mets-li don une attache !
Il a perdu son bouton, mets-lui donc une épingle !

attaquer
commencer
Il attaque à six heures à la boutique.
Il commence à travailler à l'usine à six heures.

auberge

femme d'auberge

salle d'auberge
café

aubergiste

salle du café
Il éto co à l'auberge.
Il est encore au café.
Wouète don c'te femme d'auberge !
Regarde donc cette aubergiste !
La jeunesse éto réunie dans la salle d'auberge.
La jeunesse est réunie dans la salle du café.
estaminet

patronne
avaleux
goinfre
Ais-tu vu c't'avaleux ? Il éto co gôyé !
As-tu vu ce goinfre ? Il est encore barbouillé !

 
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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
babetter
bavarder
El'éto co à babetter
Elle est encore à bavarder
babiller
babillage
babiller
babilleux
bavardage
bavarder
bavard


badrée
pâte à gaufres ou
à crêpes
Pou' l'Mardi-gras, Marie ait fait la badrée pou' les vaûtes
Pour Mardi-Gras, Marie a préparé de la pâte pour les gaufres.

baliver
marquer une terre
(avec des baliveaux)
Pierre ait balivé une terre au Caillou-Culot.
Pierre a marqué une parcelle au Caillo-Culot.

balloquer
remuer
Y ait yauque qui balloque pa' d'ri la méjon.
Quelquechose remue derrière la maison
berloquer
baloce
balocier
prune
prunier
Ais-tu vu l'agasse su' l'balocier ?
As-tu vu la pie sur le prunier ?
baloche
banette
tablier de toile
El' ait mis sa banette pou qu'ri du bô.
Elle a mis son tablier pour aller chercher du bois.

bassiner
annoncer à la poêle
comme l'appariteur
François allo bassiner pou' la mairie.
François va crier les annonces communales.

bassiner
ennuyer
Tu m' bassines !
Tu m'ennuies !

bènaise
bien aise
I so bènaise !
Je suis bien, à mon aise.

bèchoter
manger du bout des dents
Y n'allo mi grossir, y bèchote.
Il ne va pas grossir, il mange peu.

berloquer
branler, bouge
Y ait co yauque qui berloque pa d'ri.
Quelquechose bouge encore par derrière.
balloquer
berloquin
(péjoratif)
bazar
Il ait pris sa berloquin et il éto vôye.
Il a pris son bazar (barda) et il est parti.

beuquer
regarder,
épier
J'repasso, y beuquo co.
Je repasse, il regarde encore

beuquette
oeil-de-boeuf
El' r'wouète pa d'ri la beuquette.
Elle regarde par l'oeil-de-boeuf.

MOT ARDENNAIS
MOT(S) FRANÇAIS
Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
bique
chèvre
Il ait mis la bique da l'pré.
Il a mené la chèvre au pré.
cabe
bique et bouc
de sexe indéterminé


blouille
zut
J' te diso blouille.
Je te dis zut.

bôner
tirer au sort
On bôn' pou' woir qui s'y colle.
On tire au sort pour savoir qui commence.

borne
borne fontaine
J' vas qu'ri d'l'iau à la borne.
Je vais chercher de l'eau à la fontaine.

bouclette
somme d'argent
Ça l'i f'so une belle bouclette !
Ça représente une belle somme d'argent !

boudine
nombril
Bossévaux éto la boudine ed' l'Europe.
Bosséval est le nombril de l'Europe.
boudroune boudrule boudette
boudinée
soupe qui a cuit le boudin
Marie ait fait la boudinée.
Marie a préparé la soupe du boudin.

boule
bouleau
Va qu'ri l' ramon d'boule.
Va chercher le balai de bouleau.

bouriauder
secouer
maltraiter
Sale gamin ! Il ait co bouriaudé sa frèr' !
Méchant garçon ! Il a encore maltraité son frère !

boutique
usine
atelier
El' Goffinet travaillo à la boutique.
Le jeune Goffin travaille à l'usine.

brayette
braguette
Sa culotte ait co une brayette à boutons.
Son pantalon a encore une braguette à boutons.

broucher
faire du bruit pour un animal
Il ait entendu broucher dans les buissons.
Il a entendu un animal bouger dans les buissons.

MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
buée
lessive
Annete ait fait la buée.
Annette a fait la lessive.

buquer
cogner
Sa tête ait v'nu buquer contr' el 'mur.
Sa tête a cogné le mur.

buse
tuyau de poêle
Il ait r'mis une buse à la bouilleuse.
Il a remis un tuyau à la cuve à lessive.

bouilleuse
cuve pour bouillir le linge
Dolly ait allumé la bouilleuse.
Dolly a allumé le feu sous la cuve à lessive

babet
marelle
Les gamines jouont au babet.
Les filles jouent à la marelle.

bête aux pouilles
buse
El'Paulo ait tiré une bête aux pouilles.
Pau a tué une buse.

brâille
couche de bébé
El' ait r'mis les brâilles au gamin.
Elle a changé les couches de son enfant.


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
cabe
chèvre

chevalet à bois
Il é m'né la cab' au bouc.
Il a amené la chèvre au bouc.
Il ' é scié la bûche su la cab'.
Il a scié la bûche sur le chevalet
cabre
cabre
idem

cabe
caboulée
assiettée   platée

pâtée animale
El' é fait une caboulée d'canadas.
Elle a préparé une platée de pommes de terre.
El' é fait la caboulée pou' l' cochon.
Elle a préparé la pâtée pour le cochon.


On faisait la "caboulée" pour les cochons avec les eaux grasses de la vaisselle (on l'utilisait bouillante et sans produits). On versait ces eaux dans un chaudron avec des pommes de terre (cultivées spécialement), du son, des betteraves, des orties, ... et on faisait cuire le tout sur le feu dans la cheminée. Mais on n'y ajoutait aucun produit industriel.

cacaille
sans valeur
El' é un collier en cacaille.
Elle possède un collier sans valeur.
cafut   denrée
cacasse

cacasse à cul nu
ragoût de pommes de terre avec
ou sans lard
... une cacasse aveu un querton.
... un ragoût avec une tranche de lard.
J'aim' co bin la cacasse à cul nu.
J'aime les pommes de terre rôties aux oignons sans viande.

cadet
le plus jeune
terme affectueux
Vins don ma cadet.
Viens, mon petit.
ma reine
cafè
café
J' buvo ma cafè.
Je bois mon café.

cafè lavasse

cafè rapapasse

cafè à la noquette

cafè blanc

cafè de 4 heures

cafè émillé

café très clair

café repassé sur les marcs du précédent
café bu avec le sucre sur la langue
café au lait

goûter

café avec du pain émietté, trempé
Tu m'é co fait d' la lavasse.
Tu m'as encore fait du café trop clair;
Aux gamins, j'donno d'la rapapasse.
Aux enfants, je donne du café repassé sur le marc.
J'aim' co bin boir' ma cafè à la noquette.
J'aime boire le café avec le sucre sur la langue.
Au souper, t'auran du cafè blanc.
Au dîner, tu auras du café au lait.
J'preno co bin l' cafè de quatre heures.
J'aime bien du café au goûter.
A la mémé, j'donno du cafè émillé.
A la mémé, je donne du café avec du pain trempé.

cafeter
faire le café
Rent' don, j'allo cafeter.
Entre, je prépare le café;

cafeteux
qui aime le café
J'éto un vrai caf'teux.
Je suis un amateur de café.

cafut
sans valeur
C'éto un cafut.
Ça n'a pas de valeur.
cacaille
cageounette
petite cage
petite pièce
Sa chamb' éto une cageounette.
Sa chambre est petite.

câillon
maison sale,
négligée
Y vivont dans un câillon.
Ils vivent dans une maison sale.

calbos
débarras
remise
J'o mis l'ramon da l'calbos.
J'ai mis le balai dans le débarras.

camisole
chemise de corps
J'avo une camisole en coton.
Je porte une chemise de corps en coton.

camp volant
nomade
marchand de paniers
Rent' tes pouilles, y' é des camps volants qu'arrivont.
Rentre tes poules, les nomades arrivent.

camper
dresser
ériger
Il é campé l'ichelle.
Il a dressé l'échelle.

canada
pomme de terre
Il' é planté trois routes ed'canadas.
Il a planté trois rangs de pommes de terre.

canada à la plate
en pelure
Annui, c'éto des canadas à la plate.
Aujourd'hui, c'est des pommes de terre à la pelure.
(en robe des champs)

canârd
sucre trempé dans
le café ou l'eau de vie
Gamin, vins qu'ri un canârd.
Petit, viens chercher un sucre trempé dans mon café.

canuler
canulant
gêner
exaspérer
C'éto yauque de bin canulant.
C'est vraiment exaspérant.

caraco
chemisier
chemise de dessus
Betty é un beau caraco vert.
Betty a un beau chemisier vert.

caracole
escargot
Les caracoles avint mangé mes salades.
Les escargots avaient mangé mes salades.

carbonade
cristaux de soude
Pou'l' lessi, j'metto d'la carbonade ou des cend's.
Pour faire la lessive, j'utilise des cristaux de soude ou de la cendre.

carte
cartable
J'avo une bell' carte.
J'ai un beau cartable.

casaque
veste
vêtement de dessus
C'verrat d'politique é co tourné casaque !
Ce cochon de politicien a encore tourné sa veste !

catherinette
coccinelle
"Cath'rinette à la volett',
F'ra-t-i beau dimanche ?"
comptine pour faire voler les coccinelles
charbonnée
part de cochonaille offerte aux voisins, ...
E-tu donné la charbonnée au maît' d'icole et à m'sieur l'curé ?
As-tu offert de la cochonaille à l'instituteur et au curé ?

chécreux
maladif
C'gamin éto bin chécreux.
Cet enfant est bien maladif.

chiche
dessêché au four
Mémé aimo bin manger des pommes chiches.
Mémé aime bien manger des pommes sêchées au four.

chicoter
donner de l'importance
Tu n'allo mi chicoter coume na !
Tu ne vas pas lui donner de l'importance !

chipette
petite fille menue
Ma Camille éto un' chipette.
Ma Camille est toute menue.

chique
abcès aux dents

bille
Il é la chique !
Il a un abcès dentaire.
Vins jouer aux chiques !
Viens jouer aux billes !

chiquer
boire
avaler
Arrêt' don d'chiquer coum' na !
Arrête donc de boire autant !

chiquette
petite bille
Y n'en é mis qu'une chiquette !
Il n'en a pas mis beaucoup !

choumaque
homme solitaire
Il  éto dev'nu choumaque !
Il est devenu solitaire !

chounette
sexe de petite fille
E tu bin lavé ta chounette !
As-tu bien lavé ton sexe ?
royette
clauter
clauteux
fabriquer des clous
fabricant de clous
A G'ponsart, y é trobin d'clauteux.
A Gespunsart, il y a beaucoup de cloutiers.

cliche
poignée de porte
E-tu bin tourné la cliche ?
As-tu bien tourné la poignée de porte ?

cliffe
cliffer
éclaboussure
éclabousser
Il é cliffé sa culotte aveu l'iau d'la borne.
Il a éclaboussé son pantalon avec l'eau de la fontaine.

cochon
sanglier
A la chasse, il é tué trois cochons.
A la chasse, il a tué trois sangliers.

cocotte
fièvre aphteuse
Il é attrapé la cocotte.
Il a attrapé la fièvre aphteuse

coum' na
comme ça
enceinte
C'pauv' gamine éto co coum'na !
Cette pauvre fille est encore enceinte !

coquemard
bouilloire
Pose le coquemard su' l' feu.
Pose la bouilloire sur le feu.

corde
4 stères de bois
Anui, il é coupé une cord' ed' bô.
Aujourd'hui, il a coupé quatre stères de bois.

corne de gatte
variété de canada
(pomme de terre)
ardennaise.
J'vas faire une cacasse aveu des cornes de gatte.
Je vais préparer un ragoût avec des "cornes de gatte"
Note : Je vous recommande cette variété de pomme de terre ardennaise. Elle est succulente. De plus elle renaît alors qu'elle était en voie de disparition.
cotte
jupe
Lèv' ta cotte que j'r'wouète ta jupon.
Relève ta jupe que je voies ton jupon.

couleurer
colorier
Couleure bin sans dépasser.
Colorie bien sans dépasser.

courti
jardin
Y é des bêtes da ta courti.
Des animaux sont entrés dans ton jardin.

couvert
couvercle
Ferm' bin l'couvert ed' la bouilleuse.
Ferme bien le couvercle de la cuve à bouillir.

crayat
scorie de forge
On é bâti la boutique su' les crayats.
On a bâti l'usine sur les déchets de forge.
crayat : sobriquet des habitants de Neufmanil.
crâler
tousser
J'n'cesso mi d' crâler.
Je n'arrête pas de tousser.

crawouille
tisonnier
J'y é donné un coup d'crawouille.
J'ai tisonné le feu.

créton (de lard)
tranche de lard
J'avo mangé une cacasse aveu un créton.
J'ai mangé des pommes de terre avec une tranche de lard.
querton
cru
humide et froid
La chamb' est bin crue.
La chambre est humide et froide.

culot
le plus jeune
le dernier
T'éto co l'culot d' l'icole ?
Tu es encore le dernier de la classe ?

culotte
pantalon
J'avo mis ma culotte de v'lou's.
J'ai enfilé mon pantalon de velours.

cuviller
cuvillant
déranger
gênant     agaçant
Tu n'allo mi m'cuviller bin longtemps !
Tu ne vas pas m'agacer longtemps !



<HAUT DE PAGE>       <ALPHABET>


DICTON :
" On ne peut passer à Evigny sans être crotté,
A Warnécourt sans être moqué,
A Fagnon sans être volé ! "
Les habitants de Fagnon étaient surnommés les "voleurs"  (voir lettre S    Sobriquets)

DIMINUTIFS :
Depuis toujours, on a utilisé des surnoms, des diminutifs pour désigner les personnes.

POUR DESIGNER LES HOMMES
* On fait précéder le prénom de l'article défini "le" sous plusieurs formes :
Le R'nèye, el' Paul et l'Antoine étont su la piace.
René, Paul et Antoine sont sur la place.
* On utilise aussi "le père"
La Ronde du Père Adam.

POUR DESIGNER LES FEMMES
* On fait précéder le prénom de l'article défini "la"
La Simone et l'Andrée disont co du maux ed' l'Irène.
Simone et Andrée médisent encore à propos d'Irène.

DIMINUTIFS (déjà utilisés au Moyen Age !)
On utilise le suffixe "et", "ette", "ot", ... à la fin du nom de famille
El' Paulot, la Goffinette, ...
C'est diminutifs sont plutôt affectifs.


MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
dâbô
propre à rien
Espèce de grand dâbô !
Propre à rien !
arland
manche à rin
danse
volée   rossée
J'allo t'mèt' une danse !
Je vais te donner une bonne volée !

darnée

darne
vertige

J'avo des darnées tous les matins.
J'ai des vertiges tous le matins.
J'massis, j'so tout darne !
Je m'assieds, j'ai des vertiges.

décati
usé  défraîchi

vieux
Les rideaux étont tout décatis.
Les rideaux sont défraîchis.
L'Henri éto tout décati.
Henri paraît vieux.

déclichette
diarrhée
L' gamin é co la déclichette.
Mon fils a encore la diarrhée.

déconfondre
casser
Il é déconfondu la caisse.
Il a cassé la caisse.
voir dévoré
décrémêler
démêler
J'avo décrémêlé c't' affair'.
J'ai démêlé cette affaire.
voir accrémêler
décroter
manger vite et beaucoup
C' gamin éto un ogr' : y décrote !
Cet enfant est un ogre : il mange vite et beaucoup.

denrée


de rien
femme (péjoratif)

terme injurieux

Wouaite don la denrée !
Regarde cette femme !
La Nénette éto une vraie denrée.
Nénette est une vraie "charogne".
cafut   cacaille
devantier
tablier
La Betty é un d'vantier aveu quat'plis.
Betty a un tablier à quatre plis.

dévoré
cassé  brisé

voir décati  déconfondu
dîner
déjeuner
Vins dîner dimanche, pou la fête.
Viens déjeuner, dimanche midi, pour la fête.

doucette
mâche
J'mangeo co bin une salade de doucette.
Je mange volontiers une salade de mâche.

doudouille
sensible   qui a peur de la douleur
T'éto tro bin doudouille.
Tu es trop sensible.

dôye

dôyette
orteil

doigt de pied
J'avo maux à ma grosse dôye.
J'ai mal à mon gros orteil.
J'avo 5 dôyes : la grosse doye, trois p'tit's doyes et la pt'te doyette.


Faites vous-même le compte !
dôse
cloque
Les échaudures m'avon fait des dôses.
Les orties m'ont fait des cloques.


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
ébisé
irrité 
gercé
Il é les lèv'tout ébisées.
Il a les lèvres gercées par le froid

écaille
ardoise El' lavoir avin un toit d'écailles de Fumay.
Le lavoir avait un toit d'ardoises de Fumay.

échauder

echaudures
brûler
ébouillanter
orties
L'pauv' gamin é té échaudé.
Le pauvre enfant a été ébouillanté.
J'ramasse des échaudures pou' les cânârds.
Je fauche des orties pour les canards.

échauré

échaurer

fou   agité

effrayer
Il éto tout échauré.
Il est complètement fou.
Il é co échauré les pouilles.
Il a encore effrayé les poules.

échine
dos
Pose le su' l'échine de la bourrique.
Pose le sur le dos de l'âne.

les écoles (icoles)
études supérieures
Il éto docteur, il é té aux écoles.
Il est médecin, il a fait des études supérieures.

écumette
écumoire


émiller
émietter
Mémé boit du cafè émillé.
Mémé boit du café avec du pain émietté.

épine blanche
épine noire
aubépine
prunellier


éronches
ronces
Il é chu dans les éronches.
Il est tombé dans les ronces.

éticot
échalas
Qué grand éticot !
Quel grand échalas !

l'évier
le l'évier
un l'évier
évier
Vide ça dans l' l'évier.
Vide ça dans l'évier.
Un l'évier blanc    Un l'évier en faïence


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
fergouner
tisonner
El'é fergouné aveu sa crawouille.
Elle a tisonné avec son tisonnier

ferloques
guenilles
garnitures féminines


fier
amer
acide
C'te pomme é co fière.
Cette pomme est encore acide.

flatte
bouse
Il é marché dans une flatte.
Il a marché sur une bouse.

flot
noeud à deux boucles
El' é fait un flot à sa cotte.
Elle a fait un noeud à sa jupe.

fontaine
lavoir
source
El' é té laver à la fontaine.
Elle est allée laver au lavoir.

frênette
vin de frêne
Vins don boire une frênette.
Viens boire un vin de frêne.

froyon
inflammation entre les cuisses
Marie soigne sa froyon aveu un querton.
Marie soigne l'inflammation avec une tranche de lard.


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
gadouilleux
boueux
La rue de l'Enfer étin gadouilleuse.
La rue de l'Enfer était boueuse.

galant
amoureux
Pierre éto l'galant d'Marie.
Pierre est l'amoureux de Marie.

galett' à suc'
galette au sucre
Pou' la fête, t'auran d' la galett' à suc'.
Pour la fête, tu auras de la galette au sucre.
C'est une spécialité typiquement nord ardennaise.
galette
tarte
J' f'ro bin une galette à la rhubarbe.
Je ferais bien de la tarte à la rhubarbe.
Spécialité typiquement ramonière
gendresse
bru
belle-fille


glôye



pet glôyeux
flaque d'eau

mare communale

pet foireux
T'é co joué dans les glôyes.
Tu as encore joué dans les flaques d'eau.
Y é des canards su' la glôye.
Il y a des canards sur la mare.

glôye
tache de beurre sur la galett' à suc'
Les gamins aimin bien les glôyes ed' la galett' à suc'.
Les enfants aiment bien le beurre sur la galette au sucre.

gonelle
bouche
péjoratif : gueule
bagout

visage  figure
Tape ta gonelle.
Tais-toi !
Bé, ma vaillant, t'es une saprée gonelle !
Eh bien mon vieux, tu as un sacré bagout.
J'vas t'la fout' su' la gonelle !
Je vais te mettre sur la figure.

gougette
économies
bas de laine
La Mémé avin bin cachi sa gougette !
Mémé avit bien caché son bas de laine.

goulafe
goinfre
Boug' de grand goulaf' !
Bougre de goinfre !

gôyer
patauger
T'é té gôyer dans les glôyes !
Tu as pataugé dans les flaques !

se gôyer
s'empiffrer
C' goulaf' éto gôyé.
Ce goinfre s'est empiffré.

gratte-cul
cynorhodon
fruit de l'églantier
Voulo-tu d'la goutt' ed'gratt'-cul ?
Veux-tu de l'eau de vie de cynorhodon ?


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
hocher

hoché
secouer

secoué
(péjoratif)
Il é hoché l'arb' pou awoir des baloces.
Il a secoué l'arbre pour avoir des prunes.


homme
houme
mari
El' travaillo aveu son houme.
Elle travaille avec son mari.

huche
porte
El'é mi l'colporteu' à l'huche.
Elle a mis le colporteur à la porte.
huche vient de huis

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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
ichelle
échelle


icole

icoles
école    classe

études supérieures


Internet
Internet
N'y en é mi tamainte qui parlont coume na su' l'internet, même aveu l'ADSL 1024 qu'arrivo tchu nous.
Il n'y en a pas beaucoup qui parlent comme ça sur l'Internet, même avec l'ADSL 1024 qui arrive chez nous.


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
jean le cul
idiot   imbécile
C'éto un véritab' jean le cul.
C'est un vrai imbécile.

jouette
joueur
C' gamin éto bin jouette.
Ce garçon est très joueur


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches





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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
lavasse
café trop clair
El' donne de la lavasse aux gamins.
Elle donne du café clair aux enfants.
voir cafè
lavette
petit torchon
Lave la tab' aveu la lavette.
Netoie la table avec la torchonnette.

loge
cabane
L'charbouna é un' loge da l'bô.
Le charbonnier a une cabane dans le bois.

loque

loqueter
serpillère

nettoyer à la serpillère.
El' é passé la loque su' l'carrelage.
Elle a lavé le carrelage à la serpillère.

loqueteux
pauvre homme
Y é un loqueteux pa d'vant l'église.
Un pauvre homme est devant l'église.
manoqueux

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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
manche à rin
bon à rien

arland   dâbô
manoqueux
paresseux

pauvre homme
Ce charron est un manoqueux.
Ce charron est un paresseux.


loqueteux
marner
bavarder
El' éto co à marner.
Elle bavarde encore.

matin
tôt
J' m'é l'vé matin.
Je me suis levé tôt.

mémé
moman
m'man
grand-mère
maman


menterie
mensonge
Tu dis qu'des menteries?
Tu raconte des mensonges.

miée
pain émietté
aveu l'cafè ou la soupe
voir cafè émillé
moult     mout
beaucoup
très
C'éto moult bin.
C'est vraiment bien.

môye
grande quantité

bottes de céréales dressées
Y éton v'nu en môye.
Ils sont venus en grand nombre.


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
narreux
difficile sur la propreté
Il éto narreux : il est r'wouaité da l'fond d'la tasse.
Il est difficile : il a regardé le fond de la tasse.

nom des bleus
nom des os
jurons

intraduisible
noquette
petit morceau
Donne-moi une noquette de beurre.

noquette
boire à la ...

Il é bu l'cafè à la noquette.
voir cafè

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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
ouvrage
de la belle ouvrage
travail
Il é fait d'la belle ouvrage.
Il a réalisé un beau travail.


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
pacotille
marchandise fraudée


pain de ménage
pain fabriqué à la maison


pagniot
"queue" de chemise

voir costumes des Ramounis
papinette
grande cuillère de bois
Tourne la boudinée aveu la papinette.
Tourne la soupe de boudin avec la cuillère de bois.

pâquis
pré communal pour la pâture des animaux


passette
petite passoire
Filtre aveu la passette.
Filtre avec la petite passoire

pavé
carrelage

trottoir
R'lave el' pavé.
Lave le carrelage.
Elles rasont su' l'pavé.
Elles bavardent devant la maison.

pelle
poêle à frire
Verse la badrée su' la pelle chaude.
Verse la pâte sur la poêle chaude.

pépé
grand-père


péquet
eau de vie de genièvre
Il é bu tro bin d'péquet.
Il a bu trop d'eau de vie.

petit nom
prénom
Dis-moi ta p'tit nom.
Dis-moi ton prénom.

péton
braise ardente
Les pétons leu' z'ont brûlé la panse.
Les braises leur ont brûlé le ventre.

piau
peau
Vieille piau ! (insulte)

pièce
tonneau de 200 litres de bière
L'aubergiste é rentré une pièce de bière.
L'aubergiste a acheté 200 litres de bière.

pièces
jeu de pièces

Jeu fait de de plaques de fer rondes que l'on lance au plus près d'un but.
plancher
grenier à foin
El' plancher éto au-d'ssus d'la chamb'.
Le grenier à foin est au-dessus de la chambre.

popa
p'pa
père


posson
pot en grès
Il é apporté on posson d' lait.
Il a apporté un pot de lait.

pounasse
literie
El' é mis la pounasse à l'air.
Elle aère sa literie.

prise
enceinte
El' éto co prise !
Elle est encore enceinte !

puc
plus
J'en voulo co puc.
J'en veux encore plus.


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
quérir
qu'ri
chercher
J'allo qu'ri d'l'iau da l'siau.
Je vais chercher de l'eau dans le seau.


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LES REPAS
déjeuner :
petit-déjeuner, repas du matin
dîner : déjeuner, repas de midi
souper : dîner, repas du soir à base de soupe

RAMOUNIS - RAMONIERS
ragriche
reprise
Moman éto co obligèye ed'faire une ragriche à ta culotte.
Maman devra encore repriser ton pantalon.
ramon
balai
Marie é pris l' ramon d' boule.
Marie a pris le balai de bouleau.
ramounis

Ramounis
Ramoniers
fabricant de balais

Habitant de Bosséval
Les gens d' Bossévaux étin tertous des ramounis.
Les habitants de Bosséval étaient tous des fabricants de balais.
Les gens d' Bossévaux étin tertous des Ramounis.
Les habitants de Bosséval étaient tous des Ramounis ou des Ramoniers
rouleux
colporteur
El' rouleux ai vendu d'la dentelle à la Goffinette.
Le colporteur a vendu de la dentelle à la fille Goffin.

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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
raboset
homme petit
C'éto un véritab' raboset.
C'est un vrai nain.

rabote
pomme rambourg
entourée de pâte et cuite au four.
Dessert : rabotes
Aveu une cacasse, un querton, c'éto un r'pas d'fête !
ragougnasse
mets peu appétissant
El' é fait une ragougnasse de canadas.
Elle a préparé du rata.

ramouna

ramouner
ramoneur

balayer
ramoner la cheminée
L'ramouna v'no aveu sa ramon.
Le ramoneur vient avec son balai (hérisson)

ramôyer
rassembler
entasser
L'maire é ramoyé tertous les Ramounis.
Le maire a rassemblé tous les Ramoniers.

ramponneau
filtre de cafetière
Marie é rempli l' ramponneau.
Marie a rempli le filtre à café.

rapapiner
se rapapiner
se pourlécher
Quand la Yv'line feso la galett' à suc', j'me rapapine.
Quand Yveline cuit la galette au sucre, je me pourlèche.

raser
bavarder

marner
r'avoir
j'te r'aurai
prendre
(re)prendre
'tends un peu, j'te r'aurai.
Attends un peu, je te prendrai.

reine
ma reine
terme affectueux
Vins woir', ma reine.
Viens voir, mon petit.
mon cadet
reterrer les canadas
butter les pommes de terre
Pa' d'vant les g'lées, il é renterré les canadas.
Avant les gelées, il a butté les pommes de terre.

resucée
nouvelle part
En voulo-tu une resucée ?
En veux-tu encore ?
rawaite, rincette, royette
rétaler
se rétaler
tomber
J'm'é rétalé su'l' pavé d'la méjon.
Je suis tombé devant la maison.

rétu
solide
robuste
El' pépé éto co bin rétu.
Le grand-père est encore bien solide.

r'lavette
petit torchon

voir lavette
r'lavures
déchets
ce qu'on a r'lavé
Donne les r'lavures au cochon.
Donne les déchets au cochon.
pour l'engraisser !
rogaton
décrépi
Waite don l'viu rogaton !
Regarde donc ce vieux décrépi !

roustir
rousti
roussia
roussi
Fais-me don une caboulée ed'canadas roussias.
Fais-moi donc une platée de pommes de terre roussies.

rôye
sillon
Waite don ces longues rôyes !
Regarde ces longs sillons !

rôye
sillon fessier
Lave bin ta rôye, ma cadet.
Lave bien tes fesse, mon petit.

rôyette
petit sillon
sexe des filles
Ma reine, fallo laver ta rôye et ta rôyette.
Ma fille, il faut laver les fesses et le sexe.

r'waitant

r'waiter
spectateur   celui qui regarde

regarder
Les r'waitants n'ont rin à dire !
Ceux qui regardent n'ont rien à dire !
R'waite don, ma reine, é-tu vu c'dâbô ?
Regade, ma fille, as-tu vu ce minable ?


waiter     beuquer
rougne
femme (péjoratif)
Ma rougne n'voulo mi que j'vas à la chasse.
Ma femme ve veut pas que j'aille à la chasse.


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D'après Albert Meyrac,
ancien préfet
des Ardennes
à la fin du
19ème siècle.

LES BLASONS
ou
SOBRIQUETS
SOBRIQUETS ARDENNAIS

Ramounis (Ramoniers)  voir RAMOUNIS

Bourriques
         "
         "
Couillons
         "
Pitats
Panses Brûlées
Suckot
Bourquins
Torés
Gravelles
Crayats
Bruyères
Cocus
Cabris
Roucautes
Arminaux
Gueulards ou Moqueurs
Promeneux
Gaudeaux
Croûtes
Miames
Arrasis (enragés)
Fous
Friands
Cabres
Teigneux
Dolents
Loucheurs (yeux)
Boyaux rouges
Boyaux blancs
Viaux
Gueulards
Coulons
Lolos
Bourricots
Pucerons
Cabus
Boucarts
Chevaux crevés
Culs troués
Cahottes
Cheniards
Osais
Grannelons
Fignolets
Chichis (fruits secs)
Noblots
Pouilleux
Verrats
Marinettes
Gueurnouilleux
Bourguignons
Palots
Biques et boucs
Foyans
Auyes ou Auyettes
Cabres
Chiens
Crapauds
Crabouyats
Corbeaux
Chapeaux
Baraquins
Pucerons
Culs rasés
HABITANTS DE :

Bosséval   ("Bossévaux")
Saint Menges
Ham sur Meuse
Haulmé
Floing
Amagne
Vivier-Au-Court  ("Vivi")
Vrigne-Aux-Bois   ("Vrin")
Sévigny-la-Forêt
Bourg-Fidèle
Gespunsart (dire "Gesponsart" ou "G'ponsart")
         "
Neufmanil (dire "Neumanil" ou "Neumani")
Hautes-Rivières ("Les Rivires")
          "
Fonds de Givonne (Sedan)
Raucourt
Remilly
Warnécourt (leur blason est"de gueules" (rouge)
Attigny
Rilly
Hierges
Haybes
Tourteron
Jonvaux (Jonval ?)
Vouziers
Villers
      "
Vandy
Sevigny
Charleville
Mézières
Boulzicourt
Warnécourt
Rubécourt
Illy
Francheval
Fleigneux
Fond de Givonne
Foisches
Thilay
Maranwez
Alland'huy
Vireux Molhain
Fumay
Voncq
Saint Lambert
Neuville
Puiseaux
Le Chesne
          "
Louvergny
Rethel
Revin
    "
Saint Pierre sur Vence
Donchery
Vrigne-Meuse
Villers Cernay
Aubrives
Naux
Joigny sur Meuse
Auvillers les Forges
Messincourt
Monthermé
Fligny
Maubert Fontaine

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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
salade au lârd
salade au lard
Pou' iun' fois, Monsieur Ramounis rent'chu z'eux l' premi aveu des pichalits. Y feso un' salad' au lârd.
- Aveu quoi é-tu fait ta salade au lard, demande la rougne à son houme.
-Aveu l'querton qu'j'avo trouvé au fond du buffet, répond l'houme.
- C'éto c'ui qu'je m ' frotto quand j'avo l'froyon !
La salade au lard est une spécialité ardennaise qui nous est enviée de beaucoup. Chaque maison a sa propre recette (la meilleure, bien entendu !). Ingrédients : pichalits des prés, canadas et oignons du courti, querton de lard du verrat  d' la méjon, vinaigre de vin. Préparation : J'le diro mi : la mien éto un secret !
Si vous n'avez pas les ingrédients à la maison, vous pouvez les trouver en magasin ... et si vous preniez du bio ?
sapré
sacré
Sapré verrat !
Sacré cochon ! C' n'éto mi un compliment !

sart   sarter
sartage   essartage
culture dans le bois

Cette pratique n'a pas ou peu existé à Bosséval car les forêts étaient essentiellement privées.
sauder
unir, "souder"
L' chef ed' la Jeunesse ait saudèye la gamine aveu l'Paulo
Le chef de Jeunesse a uni notre fille à Paulo.
Le saudage préfigurait des mariages.
Rites sociaux  :    SAUDAGE
s'dârer
se précipiter sur ...
J'm'éto dâré su' li.
Je me suis précipité sur lui.

s'racafourner
se renfermer
La pauv' veuv' s'étin racafourné chu z'eux.
La pauvre veuve s'était renfermée chez elle.

s'en r'aller
partir
Allez, j'm'en r'vas !
Allez, je pars !

soigner les bêtes
nourrir les animaux
Pa d'vant l'souper, j'allo soigner les bêtes.
Avant le dîner, je nourris les animaux (domestiques).

souffler la lumière
éteindre
Souffle la lumière, l'électrique coûte cher !

souper
dîner
voir REPAS


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
tamainte
beaucoup
grosse quantité
Y'en é tamainte !
Il y en a beaucoup !

tantimolle
crêpe
Pou' Mardi-Gras, j'fro des tantimolles.
Pour Mardi-gras, je cuirai des crêpes.
vaute
tapée
grande quantité


tapette
bagout
C'te gamine é une bonn' tapette.
Cette fille a une bonne langue.

toquer
frapper
N'oublio mi d'toquer à l'huche !
N'oublie pzs de frapper à la porte

trobin
beaucoup
Y é trobin d'pommes, c't'année.
Il y a beaucoup de ponnes, cette année.


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches





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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
vaillant
vaillante
brave garçon
brave fille
Allez ! Vins, ma vaillant !
Allez ! viens, mon brave !

vaute
crêpe

tantimolle
verrat
cochon   porc


vièzereie
vieillerie


vôye
être à vôye
parti
partir
T'éto co vôye ? A d'où c'que t'éto ?
Tu es parti ? Où es-tu allé ?






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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches
waiter
regarder

voir r'waiter
wèbe
terre, part d'affouage à cultiver en forêt


web
(mot pas ardennais)

terre à cultiver par les folkloristes
Moult Ardeûnais avont leu' piace su' l' web, c'éto la nouvelle wèbe à r'tourner pou' fair' grandi' c'que nous sont.
Beaucoup d'Ardennais ont leur place sur le web, c'est la nouvelle terre à labourer pour donner la connaissance de ce que nous sommes (de notre culture).


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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches





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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches





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MOT ARDENNAIS MOT(S) FRANÇAIS Expression ardennaise
Sens de l'expression
Mots proches





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HISTOIRES EN PARLER ARDENNAIS


3 NOELS ARDENNAIS
Les deux premiers ont été créés spécialement et racontés à la Veillée de Noël 1998 en l'église de Vivier-Au-Court (Paroisse Saint Eloi des Fonderies) par René GODI et l'Abbé Hubert FROUSSART.
Le troisième est un chant traditionnel de la région de Sedan.

NOËYES ED’VIVI                                          NOELS DE VIVIER
TRO MANIER’S ED’ WOIR NOËYE                 TROIS MANIERES DE VOIR NOËL

( Les auteurs ne vous garantissent pas l’absolu respect du parler et encore moins de l’orthographe
puisque, par définition, le Parler n’était pas écrit ! )


TEXTES EN PARLER ARDENNAIS
TRADUCTION EN FRANÇAIS MODERNE
El’ Noëye du R’néye
Le Noël de René

L’histoire que je vais vous raconter s’est passée demain matin,
ou  alors l’année prochaine ou l’année dernière ou une autre année,  ici, chez nous ou ailleurs. Un couple arrive et s’installe où il peut avec seulement des cartons ou peut-être de la paille pour s’isoler du froid.


    Au matin d’la Noëye, v’là l’François qui racontr’ el’ Michel :

“ Ais-tu ‘waitèye, ma grand ?  C’éto yauque d’impensab’ à c’t’heure !
Y ai un coupl’ d’èSDF qui s’étot installèye sous l’porche d’une HLM. M’sieur not’ Maire n’sero mi bin content quand il allo sawoir c’qu’éto arrivèye.”

    “Penses-tu, qu’i diso l’Michel, tu n’ai mi attadu la nouvelle ? C’éto la Marie, une gamine qu’avot sa racine da l’village. Da l’temps, sa famille ait té un bounn’ famill’ mais elle ait tchu bin bas ! La Marie s’éto mise en ménage aveu l’Joseph et pis ell’éto tombèye enceinte.
    La v’là ti pas qui r’vint accouchèye t’chu nous !

    Les maijons étint pleines pou’ fair’ la fête. Les écuries et les garages, à c’ t’ heur’, étint bin fermèyes à clèye, les z’hangars des boutiques aveu à cause des galvaudeuyes.
    Y z’avint pu rin pou z’euye ! Alors y z'ont té à d'où c'qui z’ont pu, da c’t’ entrèye !
    Vers la minuit,  quand les aut’ galvaudeuyes y sont arrivèyes, qué raffût ! T’imagine bin qu’da l’coin, tout l’monde ait ‘té réveillèye.

    Y z’ont teurtous’ apportèye ed’ quoi leu dounnèye : quèqu’s couvertur’s usagèyes, du pain, d’la kronenbourg, du froumage et pis d’l’amour. Enfin teurtous c’qu’y z’avont trouvèye !
    V’là coumment c’éto à la Noëye !


Au matin de Noël, François rencontre Michel :
"As-tu vu, mon gars, c'est quelquechose d'impensable de nos jours !
Un couple de SDF s'est installé sous le porche d'une HLM.
Monsieur le Maire ne sera pas très content quand il va savoir ce qui est arrivé."

Penses-tu, répond Michel, tu n'as pas entendu la nouvelle ? C'est Marie, une fille originaire du village. Dans le temps, sa famille était une bonne famille mais elle est tombée bien bas ! Marie s'est mise en ménage avec Joseph et elle est tombée enceinte.
Voilà qu'elle revient accoucher chez nous !

Les maisons étaient pleines pour faire la fête. Les écuries et les garages, à cette heure, étaient fermés à clé, les hangars des usines aussi à cause des maraudeurs.
Ils n'avaient plus rien pour eux. Alors ils sont allés où ils ont pu, dans cette entrée.
Vers minuits, quand les autres miséreux sont arrivés, que de bruit !
Tu peux imaginer que, dans les alentours, tout le monde a été réveillé.
Ils ont tous apporté quelquechose à leur donner : quelques couvertures usées, du pain, de la bière, du fromage et aussi de l'amour. Enfin, tout ce qu'ils ont trouvé !
Voilà comment c'était à Noël !

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El’ Noëye ed’ l’ Hubert Le Noël d'Hubert
Ce Noël a été créé en 2003 par l'Abbé Hubert Froussart, curé de la Paroisse Saint Eloi des Fonderies (Vivier-Au-Court, Vrigne-aux-Bois, Donchery et Bosséval) jusqu'en septembre 2004. Hubert est décédé en 2009. Nous gardons ce Noël parce qu'il est le récit d'un homme issu d'une famille de maraîchers de Saint Julien (Charleville-Mézières) et qu'il nous sensibilise au regard des "petites gens" sur la Nativité.

    ‘coute moi bin, ma belle, vins don woir ma biau gamin, que j’té dissé Noëye à l’avantage des bergèyes !

    Un soir, coummeà c’t’ heure, les bergers étont da les éteules aveu leu bêtes : y fallot bin les gardèye, les surveillèye, ces bêtes !

    Y s’étint r’serrèye autour du feu, à r’causèye, à waitèye la nuit ... sauf el’ Joseph qu’étot un peu pa d’ri à couvisse su un caillou à jouèye su sa flûtiau. C’éto qu’il ‘to un peu drôle, el’ Joseph ! Toujours aveu sa flûtiau, à s’chercher des musiques dans sa tête, que même quèqu’s fois, on l’écoutèye !

    Et pi acco, les gens n'les aimont mi trop bin, ces bergèyes ! Y s’en méfiont ! Un peu bracos, un peu voleurs, qu’y disot ! Des galvaudeuyes, quoi !

    Mais c’tte nuit-là, c’ n’éto mi coumme les aut’s nuits : les étoiles brillint pu qu’ d’habitude, qu’on aurait même dit qu’él’ clignint !

Même les bêtes ne s’tenint mi tranquilles, coumme si el’s z’avint senti yauque ! Y n’avint pourtant rin r’waitéye, ni r’naud, ni ours, ...

Et pi l’ Joseph qui jouot co pu qu’ les aut’s soirs : quoi qu’il avot co c’ verrat-là ? Y leu donnint même la chair de pouille !

    Et v’là t’y pas qu’ d’un coup, ça brillo de partout, coumme si y fajot jour ! Y z’écarquillont les z’yux pou woir si z’avint la berlure. Y beuquo, y r’beuquo co. Pa’ d’ssus leu têtes, coumme des houmm’s, tout en blanc : c’est’ y qu’y s’rint des anges ? Y z’osont pas l’croire !

... Mais v’là même qu’y leu causont :
    “On vous annonce une grande joie , un Sauveur est né ! Vous le reconnaîtrez : il est couché dans une mangeoire !”

    Y z'étont tertous z’ébahis, coumme échaurèyes, qu’les anges y s’dérangeont pou v’nir leu dire ça, à z’euyes, les galvaudeuyes, les miséreuyes ! C’est bin sûr qu’ l’ ciel y v'no su terre : le sauveur qu’on attend ! C’est sûr y n’pouvons mi s’trompèye !

    Coumme na, y savent à d'où c’ qu’il est c’t’ afant : da la grotte qu’y z’ont rentréye el’ boeu ! N’éto mi malade mais y chouffo drôle coum si c’étot une forge da la boutique du marécho-ferrant ! Nem don, y l’ont r’litéye aveu d’la paille tout’ fraîche. Pisque j’vous dis qu’y l’ tot là !

    “Moi, j’vas l’y menèye un pochon d’lait tout frais !
    - Moi, j’prenos l’agneau qu’est né c’matin : y pourra l’ caressèye et ça l’ f’ra rigolèye !
    Eh ! qu’y crie l’ Joseph, attendez-moi je n’trouvo mi ma flûtiau : j’l’y jouero ma musique pou l’ bercèye !”

    Et pa d’ssus leu têtes les anges qui tournont à vous rend’ darnes et qui chantont : “Gloire à Dieu et Paix aux hommes !”

    Y n’en r’venont mi, c’étot bin coumme on leu z’ai dit : il est d’va z’eu c’t’ afant !

    D’abord, y n’savont rin dire. Et pi les v’là qui s’mettont teurtous à racontèye c’que les anges leu z’ont annoncèye.
    Et pi y ait Marie qui leu sourit ... !

    “Et pi d’abord, c’t’afant, c’éto l’afant Diu que j’vous dissé ! Et pi d’abord, pou s’dérangèye lui-même au milieu d’nous, les galvaudeuyes, faut qu’ce soit Diu !  Ça n’peut’ êt’ que lui !”
    C’est tout ça qu’y s’diso en s’a r’tournant.

    Et c’est là que l’Joseph, qu’éto co un peu pa d’ri, coumme d’habitude, ait sorti sa flûtiau et s’éto mis à chantèye à tue-tête, coumme on chant’ co à c’t’ heure da la région de S'dan :


Ecoute-moi bien ma fille, viens voir, mon garçon, je vais teraconter Noël à l'avantage des bergers.

Un soir comme celui-ci, les bergers étaient daus les champs avec leurs moutons : il fallait bien les garder, les surveiller, ces bêtes !

Ils s'étaient assis,serrés autour du feu, à parler, à regarder la nuit ... sauf Joseph qui était un peu en arrière assis sur une pierre en train de jouer du flûtiau. Il était un peu étrange, ce Joseph !
Toujours avec sa flûte, cherchant des musiques dans sa tête, quelques fois, pourtant, on l'écoutait !

Et puis, les gens ne les aimaient pas vraiment, ces bergers ! Ils s'en méfiaient ! Un peu braconniers, un peu voleurs, disait-on. Des moins que rien, quoi !

Mais cette nuit-là n'était pas comme les autres nuits : les étoiles brillaient plus fort que d'habitude, on aurait pu penser qu'elle clignotaient.
Les moutons, même, ne se tenaient pas tranquilles, comme si elles avaient senti quelquechose ! Pourtant, il n'y avait ni renard, ni ours, ...
Et Joseph jouait encore plus que les autres soirs : qu'est-ce qu'il avait encore, ce cochon-là ? Il leur donnait même la chair de poule !

Et voilà que tout à coup, ça brille de partout, comme s'il faisait jour ! Ils écarquillent les yeux pour savoir s'ils n'ont pas la berlue. Il regardent et regardent encore. Au-dessus de leurs têtes, comme des hommes, tout blancs : ne serit-ce pas des anges ? Ils n'osent pas le croire !

Et voilà même qu'ils leur parlent :
    “On vous annonce une grande joie , un Sauveur est né ! Vous le reconnaîtrez : il est couché dans une mangeoire !”

Ils étaient tous ébahis, comme rendus fous, que les anges se dérangent pour venir leur dire ça, à eux, les moins que rien, les miséreux ! Il est sûr que le ciel vient  sur terre : le sauveur qu'on attend ! C'est sûr, ils ne peuvent pas se tromper !

Intuitivement, ils savent où est l'enfant : dans la grotte où ils ont abrité le boeuf ! Ce n'est pas qu'il est malade mais il souffle comme la forge dans l'atelier du maréchal-ferrant ! Ainsi donc, ils lui ont préparé une litière avec de la paille fraîche. Puisque je vous dit qu'il est là !

"Moi, je vais lui porter une cruche de lait tout frais !
- Moi, je prends l'agneau né ce matin ; il pourra le caresser et ça le fera rire !
- Eh, crie Joseph, attendez-moi, je ne trouve plus mon flûtiau : je jouerai de la musique pour le bercer ! "

Au-dessus de leurs têtes, les anges tournent à vous rendre nauséeux et chantent : "Gloire à Dieu et Paix aux hommes !"

Ils en restent étourdis, c'est bien comme on leur a dit : il est devant eux cet enfant !

D'abord, ils ne savent que dire. Et puis ils se mettent à raconter tous ensemble ce que les anges leur ont annoncé.
Et puis il ya Marie qui leur sourit ...

Eh bien, cet enfant, c'est le fils de Dieu, je vous le dis ! Pour venir lui-même au milieu de nous, les bons à rien, il faut que ce soit Dieu ! Ça ne peut être que lui !
Ils se disaient tout ça en retournant vers leur troupeau.

Alors Joseph, qui était encore un peu en arrière, comme d'habitude, a sorti sa flûte et s'est mis à chanter à tue-tête comme on le chante encore dans la région de Sedan :
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El’ Viux Noëye ed’ S’dan Vieux Noël Sedanais

1-    C'étot la veille don Noë(ye)
    C'étot la veille don Noë(ye)
    Trô, quat' heures après l'soupèye       
    Trô, quat' heures après l'soupéye
    Da l'fin fond d'une bergerie           
    S'a vint la Vierge Marie
    Pa y-un temps ben morfondu
    Mett’ au monde l'afant Jésus.

2-    Les bergers vinrent par douzaines
    Les bergers vinrent par douzaines
    Li apporter leu's aubaines               
    Li apporter leu's aubaines
    L'un li apporto à boire
    L'aut' li apporto des poires
    Ou ben un posson d' laitages           
    Ou bin cinq à six froumages.

3-    Saint Joseph à deux genouilles           
    Saint Joseph à deux genouilles
    N'a v'lot mi croir' ses deux ouilles           
    N'a v'lot mi croir' ses deux ouilles
    I r'waito l' divin afant   
    Lou vrai fi dou Diu vivant
    Qui pa d'sous s'n humanitèye
    Cachot sa divinitèye.


1- C'était la veille de Noël
C'était la veille de Noël
Trois, quatre heures après le dîner
Trois, quatre heures après le dîner
Tout au fond d'une bergerie
S'en vint la Vierge Marie
Par un temps bien triste
Mettre au monde l'nfant Jésus.

2- Les bergers vinrent par douzaines
Les bergers vinrent par douzaines
Lui apporter leurs offrandes
Lui apporter leurs offrandes
L'un lui apporta à boire,
L'autre lui apporta des poires
Ou bien une cruche de lait
Ou bien cinq ou six fromages.

3- Saint Joseph à deux genoux
Saint Joseph à deux genoux
N'en croyait pas ses deux yeux
N'en croyait pas ses deux yeux
Ils regardaient le divin enfant
Le vrai fils du Dieu vivant
Qui sous son humanité
Cachait sa divinité.
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Cette histoire de Noël m'a été inspirée par le tableau de crèche que nous avons mis en place à Bosséval en 2009. Elle est incluse dans le "Bassinage du R'nèye" N° 51.



MYSTERE A LA NOËYE
MYSTERE A NOEL
A la Noëye, y  s'éto passé yauque de moult ben étrange dans l'église ed' Bossévaux ! Coumme chaque annèye, l'Anne-Marie au Henri ait r'fait la crèche pa d'vant la grille du choeur. Pi, pou racontèye la vie d'nos aïeux, les Ramounis avont mis des mannequins et des vieilleries qu'y z'avont sorti des greniîs pou montrèye aux gens.

A donc, el' vinte-quat' ed' décemb', j'so té à la messe ed' la veille ed'la Noëye à Vrin. V'là -t-y pas qu'n m'en r'tournant tchu nous, j'voyo qu'l'église éto allumèye ! Ce s'rait-y qu'l'Anne-Marie ait laissé la lumière ou bin qu'elle soye r'passèye woir si tout éto bin en place pour la messe ed'sam'di soir ?

J'avo monté l'perron, rouvri la huche et entrèye doucement. La crèche éto toute illuminèye. Dans l'ciel sombre, la lune et les étoiles brillont d'tous leû's feuyx. Ent' la Marie et l'Joseph, l'Jésus sourio aux anges. La Marie, z'elle, avo un sourire coumme j'n'en avo jamais vu. Elle waite sa fi couchèye dans la mangeoire. Entre z'euyes, l' bonheur éto complet !

Les bergis étont tout intimidèyes. Y n'ozont rin dire ! Pou v'ni les woir, z'euyes, les pauv's parmi les pauv's, pas de doute , c'éto l'Bon Diu en personne qu'éto couchèye dans c'te mangeoire.

Alors, j'm'ai approchi jusqu'au premiî banc et là, j'les avo entendus, les deux bossévaliens qu'étont v'nus aveu tout un berloquin :
- "Waite ec'Jésus, qu'ait dit la rougne, il éto bin p'tit coumme nous z'aut's quand il éto nèye. Et puc de deux mille ans après,  sa r'tour éto cô attendu ! C'éto yauque, un pareil mystère !"
L'houmme li ait répondu :
- 'coute bin la chanson* ! Y cacho sa divinitèye pa d'sous son humanitèye ! J'n'avo mi trobin compris mais j'savo qu'c'éto ça qui l'ait fait coumme il ait té !
- Crois-tu qu'y pouvons d'mandèye à la Marie yauque pou' not' villadge ?
- Ben sûr ! Ell' allo raconté ça à sa gamin et li, y pourro l'faire. Du moment que c'néto mi que pou' nous mais qu'c'éto pou' l'bien d'toute la paroisse ...
- J'vourro seulement leû d'mandèye qu'y faiso yauque pour qu'les gens d'not' villadge accueillont mieux les gens qui v'nont d'ailleurs, pou' travaillî ou co pou' habitî. J'avo co trop entendu d'médisances, au lawoir, ou pa' d'vant l'icole cont' les ceusses qui n'étont mi nés natifs du villadge. Marie, toi qui m'ai entendu, d'mandes-le à ta fi pou' not' paroisse. Amen."

Pi, y s'étont tus. Alors, j'm'ai r'en allèye. Quand j'avo z'eu passé l'huche, elle s'éto froumé à clèye, la lumière s'éto réteinte et j'mai r'trouvèye su' l'parvis, dans l'noir, tout seul mais aveu, dans la tête, yauque coumme une odeur ed' mystère.  C'éto p't'êt' bin ça, l'mystère ed'la Noëye !

J'l'avo racontèye à quèques-uns. M'avont-y cru, m'avont-y pas cru ? J'n'en savo rin mais j'vourro bin qu'la prière ed'la bossévalienne soye exaucèye dès cette annèye qui va commencèye !
A Noël, il s'est passé quelquechose de très étrange dans l'église de Bosséval. Comme chaque année, Anne-Marie, l'épouse d'Henri, a remis la crèche devant la grille du choeur. Ensuite, pour évoquer la vie de nos anciens, les Ramounis ont mis des mannequins et des objets anciens sortis des greniers pour montrer aux gens.

Donc, le vingt-quatre décembre, je suis allé à la messe de la veille de Noël à Vrigne-Aux-Bois. En revenant à la maison, je trouve l'église éclairée ! Anne-Marie aurait-elle laissé allumé ou serait-elle repassée voir si tout était prêt pour la messe du samedi soir ?


J'ai monté le perron, ouvert la porte et je suis entré doucement. La crèche était toute illuminée. Dans le ciel sombre, la lune et les étoiles brillent de tous leurs feux.  Entre Marie et Joseph, Jésus sourit aux anges. Marie, elle,  a un sourire comme je n'en ai jamais vu. Elle regarde son fils couché dans la mangeoire. Entre eux, le bonheur est complet !

Les bergers sont tout intimidés. Ils n'osent rien dire ! Pour venir les voir, eux, les pauvres parmi les pauvres, aucun doute, c'est Dieu en personne qui est couché dans cette mangeoire.

Alors, je me suis approché jusqu'au premier banc et là, je les ai entendus, les deux bossévaliens venus avec toutes sortes de choses :
- Regarde bien ce Jésus, a dit la femme, il est bien petit comme nous quand il est né. Et plus de deux mille ans après, son retour est  encore attendu ! C'est énorme, un pareil mystère !
L'homme a répondu :
Ecoute bien la chanson* ! Il cache sa divinité sous son humanité ! Je n'ai pas très bien compris mais je sais que c'est ça qui l'a fait comme il a été !
- Crois-tu que nous pouvons demander à Marie quelque chose pour notre village ?
- Bien sûr ! Elle va raconter ça à son Fils et, lui, pourra le faire. Du moment que ce n'est pas que pour nous mais pour le bien de toute la paroisse ...
- Je voudrais seulement leur demander qu'il fasse quelque chose pour que les gens de notre village accueillent mieux les personnes venues d'ailleurs, pour travailler ou pour habiter. J'ai encore entendu trop de médisances au lavoir ou devant l'école contre ceux qui ne sont pas natifs du village. Marie, toi qui m'as entendu, demande-le à ton Fils pour notre paroisse. Amen. "

Alors ils se sont tus. Je suis reparti. Quand j'ai passé la porte, elle s'est fermée à clé, la lumière s'est éteinte et je me suis retrouvé dans le noir sur le parvis de l'église, tout seul, mais avec, dans la tête, quelquechose comme un odeur de mystère. C'est peut-être ça, le mystère de Noël !

J'ai raconté ça à quelques-uns. Mont-ils cru, ne m'ont-ils pas cru ? Je n'en sais rien mais je voudrais bien que la prière de la bossévalienne soit exaucée dès le début de l'année qui va commencer !
* Vieux Noël de Sedan

Le R'nèye

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HISTOIRES POUR ILLUSTRER LE PROPOS
TEXTES EN PARLER ARDENNAIS TRADUCTION EN FRANÇAIS MODERNE
J'ALLO MARIEYE LA GAMINE

L'Paulo, c'éto l'gamin du Jean et d'l'Adèle. Y z'habitont da la rue d' l'Enfer ! J'connaiso bin l'Jean. Nous z'ont té conscrits la mînme annèye. Et pi l'Adèle ait té ma voisine de rangèye à l'icole du Père Goffin -el' Goffinet qu'y disont les gens pasqu'y l'aimont bin.


L'aut' annèye, l'chef ed' la djeunesse ait don saudèye not' gamine aveu l'Paulo. Nous ont mînme dû l'invitèye à not' tab' pou' l'soupèye ed'la Saint Jean d'étéye. C'éto coumme na ! Y fesint d'mînme qua' j'étins co jeûne. A don, l'Paulo au Jean ait soupèye à la maijon et pis il ait té dansèye aveu la gamine autour du feuye. Il ait sautèye pus haut qu'les aut' pa' d'ssus les tisons pou' l'impressionnèye ! Et la gamine, ça y ait bin plu ! Y s'éton co r'vu et aco et aco.  Et pis, l'aut' dimantche, pa d'ri la messe, l'Paulo l'éto v'nu à la maijon aveu sa père et sa mère.
- Popa, Moman, qu'elle ait dit la gamine, el'Paulo ait yauque de moult bin important à vous dire.
J' le voyo bin, pou' qu'y vin aveu père et mère ... !
- Bin, oui, j's'ros bin heureuye qu'vous m' dounnez vot' fille à marièye.
- J'so bin d'accord aveu li et l'Adèle ed' mînme, qu'il ait dit l'Jean, sa père. Nous z'ont un bon gamin bin courageuye à la boutique et qui savo bin tenir el' courti. Et ta gamine f'ro sûrement une bounne mère de famille pou nos p'tits-afants. Alors ? Voulos-tu bin ?

D'j'ai r'waitèye ma bounne femme qu'avin la larme à l'oeil.
J'y ai dit : Veux-tu bin ?
Pi j'mai tournèye du côté d'la gamine et j'ai co dit : Et tu ?
El's avont dit oui en mînme ta.

C'éto coumme na qu'j'allo marièye la gamine. La noce se f'ro qua j'auro rentrèye les foins. Pou une belle noce, ça s'ro une belle noce ! Et pi dans un' an, j'auro p't' êt' un p'tit poupon à faire rigolèye : "Fais don risette à ta Pépé !"
NOTRE FILLE VA SE MARIER

Paulo est le fils de Jean et d'Adèle. Ils habitent la rue de l'Enfer !
Je connais bien, Jean. Nous avons été conscrits la même année. Et puis Adèle était ma voisine de rangée dans la classe de Monsieur Goffin - les gens le surnommaient Goffinet parce qu'ils l'aimaient bien.

L'année dernière, le chef de Jeunesse a uni notre fille avec Paulo. Nous avons dû l'inviter à notre table pour le dîner de la Saint Jean d'été. C'est comme ça !
On pratiquait de la même façon quand j'étais encore jeune. Donc, Paulo, le fils de Jean a dîné à la maison et il est allé danser avec notre fille autour du feu. Il a sauté plus haut que les autres au-dessus des braise pour l'impressionner ! Il a bien plu à notre fille ! Il se sont revus, encore et encore. Et dimanche dernier, après la messe,  Paulo est venu à la maison avec son père et sa mère.
- Papa, Maman, a dit notre fille, Paulo veut vous dire quelquechose de vraiment très important.
Je le voyais bien puisqu'il venait avec son père et sa mère ... !
- Euh, oui, je serais heureux que vous me donniez votre fille en mariage.
- Je suis d'accord avec lui et Adèle aussi, a ajouté Jean, son père. Nous avons un bon fils, courageux à l'usine et qui sait bien entretenir le jardin. Et ta fille fera sûrement une bonne mère de famille pour nos petits-enfants. Alors, acceptes-tu ?

J'ai regardé mon épouse, elle avait la larme à l'oeil.
Je lui ai demandé : Le veux-tu ?
Puis je me suis tourné vers notre fille et j'ai aussi demandé : Et toi ?
Elles ont répondu oui en même temps.

Comme ça, ma fille va se marier. La noce se fera après la fenaison.
Pour une belle noce, ce sera une belle noce ! Et dans un an, j'aurai peut-être un petit bébé à faire rire : "Fais une risette à Papi !"

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TEXTES EN PARLER ARDENNAIS TRADUCTION EN FRANÇAIS MODERNE
LES GRILLADES ED'LA MEME VICTORINE

Saprés verrats d'parisiens ! Y croyont tertous qu'y z'avont tout inventèye !
Y ait un
parisien (un vrai, mi un ardeûné parti à vôyes) qu'avo louèye el' gîte rural ed' l'acien presbytère. Ma grand-mémé ait bin rigolèye qua -t-elle l'ait atendu l'aut' jour  li déclarèye da sa parlèye pointu :
 - Vous savez,  Madame, nous savons préparer une spécialité culinaire à base de porc que les "ardènnais" ne connaissent certainement pas !" (Y diso "les ardènnais" et pon "les ardeûnés" coumme mi).
- Ah bin don ! Et quoi t'est-ce ? qu'elle ait d'madèye la mémé Berthe.
- La côte de porc au "barbecu", qu'il ait répondu, l'parisien.
- Raconte-mi don coumment qu'tu t'y prenos pou' faire c'te côte !
- Sur le balcon ou dans la cour de l'immeuble ou dans une allée du Bois, nous allumons un "barbecu" avec du charbon de bois et nous grillons une côte de porc sur cet appareil. Ensuite, nous la dégustons avec une salade verte à la vinaigrette allégée.
- Vous z'en direz tant ! qu'elle li répondit. Je n'savos mi trop bin c'que c'éto ta "barbecu" mais c'que j'savos miu, c'éto qu'ma mémé Victorine, elle avint un grill su pattes da la ch'minèye et que, d'ta à ta, elle grillint des côtes d'ssus quand y en avint co après la tuerie d'verrat. Elle fesint une bonne braise ed' chêne ou bin d'orme et pi elle mettint les côtes au-d'ssus. Dans l'diab'ou bin dans la braise, elle mettint des canadas bin lavèyes et co bin mouillèyes et c'étint la fête à la méjon. Aveu une tartine ed'saindoux et pi des grains d'gros sel pa d'ssus, c'étint un plat d'festin ! J'aimins bin mangèye coumme na.

Et pi, mon Pépé Gustave, qua -t- il étint da l' bô, qu'y travaillint toute la journèye, l'hiver à coupèye sa bô, y prenint une bonne côte ed'verrat et quèques canadas. Qua -t- il avint faim, y  mettint ses canadas sous la cend' et sa côte piquèye su une branche ed'noisetii. Y la faisint bin grillèye et y mangint ça sur un quignon d'pain d'ménage qu'il avint toujou da sa sac.
Y posint la côte su sa pain et y l'tenint bin ent' el' pouce, l'index et l'majeur. Ses aut's doigts t'nint une canada bin chaude. Aveu sa couteau d'poche, y coupint sa bout d'viande, y l'posint su l'bout d'pain, y coupin juste une bouchèye qu'y mettin da sa bouche su la lame d'sa couteau. Y la mâchint douc'ment pou bin en goûtèye tout l'jus.

Et pi, y prenint un bout d'canadas sans l'épluchèye et y la mettint da sa bouche et y mâchint bin posément coumme pou en tirèye toutes les arômes ed' feuye. D'ta à ta, y buvint un p'tit coup d'bière à la canette. Et mînme qu'y rapapinint ! La mère Victorine, elle prenint bin soin d'son houmme qua -t-y travaillint dur da l'bô !

Bin don, tu wois bin, l'parisien, je n'savos mi co trobin c'que c'éto ta "barbecu" mais j'savo bin c'que c'éto d' grillèye les côtes ed' verrat su du bô d'chêne ou bin d'orme.
 L'charbon d'bô, c'éto juste bon à chauffèye el' fer à la boutique ! Et pi l'verrat, il étint engraissèye à la caboulèye* , da sa cabane da l'fond dou courti. On n'leu donnint mi d'la farine coumme asteur !




* caboulée : voir ce mot
LES GRILLADES DE GRAND-MERE VICTORINE

Sacrés cochons de parisiens § Ils croient tous avoir tout inventé !

Un parisien (un vrai, pas un Ardennais parti ailleurs) avait loué le gîte rural de l'ancien presbytère. Ma grand-mère a bien ri quand elle l'a entendu, l'autre jour, lui déclarer, avec son accent  pointu :
  - Vous savez,  Madame, nous savons préparer une spécialité culinaire à base de porc que les "ardènnais" ne connaissent certainement pas !" (Il dit "les ardènnais" et non "les ardeûnés" comme moi).
- Eh bien alors ! Qu'est-ce que c'est ? a demandé grand-mère Berthe.
- La côte de porc au "barbecue", a répondu le parisien.
- Raconte-moi donc comment tu t'y prends pour faire cette côte !
- Sur le balcon ou dans la cour de l'immeuble ou dans une allée du Bois, nous allumons un "barbecue" avec du charbon de bois et nous grillons une côte de porc sur cet appareil. Ensuite, nous la dégustons avec une salade verte à la vinaigrette allégée.
- Vous m'en direz tant ! répond-elle. Je ne sais pas vraiment ce qu'est un "barbecue" mais ce que je sais mieux, c'est que ma grand-mère Victorine avait un grill sur pattes dans la cheminée et que, dans le temps, elle grillait des côtes dessus quand il y en avait encore après l'abattage du cochon. Elle faisait une bonne braise de chêne ou d'orme etb elle posait les côtes au-dessus.Dans le diable* ou dans la braise, elle mettait des pommes de terre bien lavées et encore mouillées et c'était la fête à la maison. Avec une tartine de saindoux avec des grains de gros sel par-dessus, c'était un plat de festin ! J'aimais bien manger comme ça.
Et puis, quand mon grand-père Gustave allait travailler en forêt toute la journée, en hiver, pour couper son bois, il prenait une bonne côte de porc et quelques pommes de terre. Quand il avait faim, il posait les pommes de terre sous la cendre et piquait sa côte sur une branche de noisetier.  Il la faisait bien griller et la mangeait avec un quignon de pain qu'il avait toujours dans son sac.
Il posait la côte sur son pain et la tenait bien entre le pouce, l'index et le majeur. Ses autres doigts tenaient une pomme de terre bien chaude. Avec son couteau de poche, il coupait un morceau de viande, le posait sur le pain, coupait juste une bouchée qu'il portait à sa bouche sur la lame du couteau. Il la mâchait doucement pour bien en savourer tous les sucs.

Alors, il prenait un morceau de pomme de terre, le portait à sa bouche et le mâchait posément comme pour y ressentir tous les arômes donnés par le feu. De temps en temps, il buvait une gorgée de bière à la canette. Il s'en pourléchait ! La Mère Victorine prenait bien soin de son mari quand il travaillait dur en forêt !

Donc tu vois, le parisien,  je ne sais toujours pas ce qu'est un "barbecue" mais je sais griller des côtes de porc sur du bois de chêne ou d'orme.
Le charbon de bois, c'est tout juste bon à chauffer le métal à l'atelier ! Et puis le cochon était engraissé à la pâtée, dans la soue au fond du jardin. On ne leur donnait pas de farine comme maintenant !

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* diable : pot de terre non verni qui servait à cuire des pommes de terre, des châtaignes, ... sur la braise du foyer.

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